Quelque chose se lève un Matin. Comme une fulgurance. Qui contamine tout. Gangrène l'espace. Mais l'espace de quoi ? De qui ? Y a-t-il seulement un "qui" là où nous le pensions ? Quelque chose se lève un Matin. Qui n'est pas nous. Et qui en a la forme. Qui pose les mêmes gestes que tous les matins. Mais quelque chose pourtant est là. Subtil et infime. Et soudain plus rien ! Comme un vide un espace, qui prendrait toute la place. Mais la place de quoi ? De qui ? Il n'y a plus rien ! Rien de connu. Tant d'inconnu. Et le Regard qui est revenu ! Mais avait-il jamais cessé d'être là ? Trop de "je" trop de "nous". Et dans ce trop Il attendait...
Un matin se lève à notre place quelque chose. D'autre. Qui Regarde. Qui Est. Et c'est comme si tout s'était effacé de la mémoire vive. Non pas l'histoire, mais tous les crochets qui maintenaient ce joli et pesant tableau. Qui se décroche du mur. Qui s'effrite et ne le maintient plus. Ne reste qu'une histoire. Comme une toile d'araignée, qui nous aurait pris dans ses filets. Et soudain. Un matin. Plus d'histoire plus de "nous" ! Juste un espace qui nous dépasse. Une page blanche, où écrire une autre histoire ? Mais les histoires n'ont plus de sens ! Et le mental balbutie devant cet inconnu, pas si inconnu que ça. Et si c'était lui l'inconnu ? Et si c'était cette autre chose le connu ? Et que nous avions tout ce temps marché la tête en bas. Et qu'il nous fallait juste nous remettre droit. Sortir la tête du trou. Mais du trou de quoi ? Du trou de "nous" ! De ces histoires qu'on se raconte, toutes nos fables et nos contes. Alors on creuse on creuse. On fait des trous jolis. Des trous par ci. Des trous par là. Ne dit-on pas "se creuser la tête" ? Mais où avons-nous la tête ! C'est notre tombe que nous creusons ! Et même cela n'a pas d'importance. Sans doute sommes-nous de jolies taupes dont le sens est de creuser ? Nos yeux aveugles ne sont pas prêts pour la Lumière. Et pourtant. Il y a bien quelque chose, Là ! Mais dans un "là" que nous ne connaissons pas. Et quelque chose que nous ne connaissons pas non plus. Car c'est Lui qui nous connaît. Nous ne pouvons rien connaître. Nous sommes connus. Et c'est de cela dont nous devons reprendre le sens...
Un Matin soudain, de notre existence d’humain, disparus et envolés, tous ces pas chéris ou égarés ! Comme un refrain qui passe, et d'un souffle nous lasse. Et devant ce Large, les mots n'ont plus de mots, la poésie se tait. Tout se tait quand le Silence s'exprime. Reste ce Ça, qui a pris cette forme ce nom. Ce "je suis", s'évertuant à griffonner quelques mots qui ont perdu sens. Comme tout a perdu sens ! Mais c'est plus que cela encore. Ce sont les multiples formes, qui prenaient tant de sens, qui se sont diluées. Evaporées. Comme ça, d'un coup, sans crier gare ! Un beau matin, seul sur son quai de gare. Mais il n'y a plus de train. Plus de gare. Plus de quai. Plus de voyageur. Juste un beau Matin. Qui se verra se lever tous les matins. Faire quelques pas. Poser des gestes. Toutes ces choses que les matins font. Et ce matin là n'a rien de nouveau ! Il est juste un matin qui se sait matin. Et se sait midi. Et se sait soir. Et se sait rien. Un matin comme tant d'autres et comme nul autre. Un Sens de Vie qui pulse vibre et se meut, à travers nos formes comme tant d'autres. Oui, un seul Sens, multiple et foisonnant ! Qui crée des Etoiles, engendre des Mondes, fait tourner les Galaxies de tous Ses Univers ! Et ces petits nous qui en croyons être le seul sens, comme nous délimitons toutes nos routes, de sens uniques ou interdits ! Ces petits nous plein de sens, et surtout de non-sens, qui tournons en rond dans nos petites histoires, de notre si petit monde. De fractales nous nous sommes pris pour le Tout et nous sommes faits maîtres, maîtrisant et possédant, bien pensants ! Mais nous ne sommes maîtres que de nos illusions, bien possédés et mal pensants !
Ce qui se passe, là, dans cette forme de Vie qui nous représente, n'a plus de sens que le seul Sens. C'est cela qui se passe, et nous dépasse. Et plus rien n'a d'importance ! Et tout est important ! Ô cet Espace ! Rien que de l'Espace ! C'est cela qui est dans cette forme temporaire, comme dans toutes ces formes. Juste cela. L'Espace du Sens. Ce Souffle de Vie, que l'on cherche tant, sans le trouver pourtant. Ou si peu. Parce que si plein de nous. Toutefois. Cela aussi est Son Sens, puisqu'Il est tout ce qui se vit. Tout est déjà là. Tout a toujours été là. Et ce Tout se fait avec ou sans nous. On se lève parfois un matin et c'est...
Juste un Beau Matin...
Comments est propulsé par CComment