L’amour, tel que nous le pensons, n’existe pas. C’est un concept, dans un monde de concepts. L’humain ne pouvant se percevoir qu’à travers le mental, source des émotions et sentiments. De l’amour, nous en connaissons tous les besoins et désirs, attachements et attentes, fuites et souffrances, compromis et justifications. Nous aimons tant de choses que l’on s’approprie ! Un enfant ou un mari, un ami un chien, un travail une maison. On s’y perd de tant d’amour ! Alors il existe différents types d’amour ? Comme si un seul ne suffisait pas, si tant est que nous sachions déjà le vivre ! Mais avant de pouvoir le vivre, il faudrait déjà savoir ce que nous vivons et prenons pour de l’amour. Nous pouvons affirmer que cet amour est personnel, cachant dans ses tours de polichinelle, une belle peur de toute évidence, l’inévitable besoin de justifier son existence. Nous disons d'ailleurs que sans amour, la vie ne vaut pas la peine d’être vécue. Autant nous pendre de suite, car effectivement nous n'en avons pas ! Cet amour-là n’existe pas. C’est bien du mental dont nous parlons ici !
Existe-il un autre type d’amour, que nous n'aurions pas vu ? On nous répondra "Nous savons cela ! Seul l’amour inconditionnel est l’Amour !" Discours et Bavardage ! Ce qui change est juste la couleur du langage. "Paix amour et lumière mon frère ! Viens casquer dans mon séminaire !" Mais c’est du pareil au même. Vanité et Théorème ! Comment osons-nous parler d’inconditionnel, nous soumis à chaque instant au conditionnel de nos masques ? Que savons-nous de l’inconditionnel, nous si conditionnés et ignorants de l’être ? Mais parler et théoriser, ça oui nous savons ! Ou du moins nous le croyons. Théorisons donc ! Et allons voir de plus près ce que cachent nos mots, dans ce verbiage mental qui conjugue notre expression. Car le temps se conjugue ici-bas, mais avons-nous bien saisi la nature de ces conjugaisons ? Que nous indiquent-elles ? Quel en est leur sens littéral ? Peut-être que nous conjuguons le Verbe comme nous nous conjuguons et conjuguons l'amour ? A tous les temps, tout le temps. Pour tuer le temps, ou gagner du temps. La plupart du temps, quand on a le temps. Mais il n'est plus temps. Il n'est plus temps !
Pour les plus imbus d'entre nous, ce sera donc au parfait que nous nous conjuguerons. Et même au plus-que-parfait, laissant l'imparfait aux autres bien entendu ! Pour les nostalgiques ou les déprimés, ce sera au passé. Il sera parfois simple, quelle chance ! Parfois antérieur, quel pléonasme ! Et souvent composé, de regrets et de remords ! Pour les rêveurs ou les anxieux, il y aura un futur simple. Et parfois un futur antérieur, bel oxymore ! Ainsi conjuguons-nous nos vies à l'indicatif. Mais qu'indiquons-nous vraiment ? Et comme nous sommes un peu plus compliqués, présent et passé se conjuguent aussi au conditionnel, au subjonctif dans des propositions subordonnées, et à l'impératif ! Au milieu de toutes ces formes d'expression de contrôle, dont certains diraient qu'elles enrichissent et facilitent la communication (ah bon !), il y a le présent que l'on emploie mais que l'on n'habite pas. Une seule et simple forme, la toute première de la conjugaison. Comme une racine d'où émergeraient tant d'autres ramifications, par trop mentales. Nous avons fait de ce présent, une règle de conjugaisons nous servant à communiquer. Mais communiquer quoi ? Et communiquer d'où ? Du mental ou de la Présence ?
Seul Cela Est ! Et Cela est cette Lumière, cette Vie, dont nous parlons sans en savoir rien pourtant. Et Cela est cet Amour, dont nous parlons sans en savoir rien encore. Cela Est. Innommable et Inconnaissable. Hors toute rhétorique, croyance, sentiment et sensation. Lorsque Cela Est, nous ne sommes plus. C’est ainsi. Pourquoi parler de ce que nous ne connaissons pas, lorsque nous sommes et que Cela n’est pas ? Et ne connaîtrons pas, puisque lorsque Cela Est, nous ne sommes plus ? Je parle ici du "nous" identitaire et mémoriel, ce masque qui ne peut se connaître que par réflexion. Masque dont le seul besoin est de se mirer dans un autre masque, qui lui renverra le reflet qu’il désire. Et lorsque le reflet n’est ni complaisant ni attractif, querelle de masques ! Ne dit-on pas d’ailleurs, qu’"on ne peut pas se voir" ? "Ô miroir, mon beau miroir, suis-je toujours la plus belle en mon royaume ?"
Voilà donc l’amour dont nous parlons tous. Ou presque. Voilà donc l'amour que nous vivons tous. Ou presque. Nous faisons tant de choses par amour. Parfois pour combler un vide. Dommage, c’est là où ça devenait intéressant ! Ou parce qu’on a de l’amour en trop. Ah bon ? Ou à donner. Mais que donnons-nous vraiment ? Nous faisons tant de choses, nous croyons tant de choses, nous pensons à tant de choses. Et dans ce "tant", où sommes-nous ? Oscillant sans cesse entre un immense mental à l’œuvre dans sa fragile création et l'Appel de Cela, qui est Tout et en tout sauf en nous faute de place. "Parlez-moi d’amour" dit la chanson à qui veut l’entendre. Mais la coupe est pleine depuis trop longtemps ! Viendra un temps où nos coupes se briseront. Le Pur Regard du Monde alors se dévoilera…
Et la Gloire de Ce Qui Est rendra la vue aux aveugles. Que nous sommes. Tous !
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