Horus leves toi

 

 


" Pour ceux qui n'auraient pas lu cette Chronique depuis le début, nous tenons à préciser que le choix d'images décalées et burlesques est voulu. Ce site nous ressemble. De nature enjouée, nous pensons que la Voie est dans la Joie et non l'austérité. Rire de son vécu ne signifie pas le méjuger. Et rire de soi est tout de même plus agréable et plus juste que de se prendre pour un grand Mamamouchi ! "


Horus (en grec ancien et Hor ou Horou en égyptien ancien : "Celui qui est au-dessus", " Celui qui est loin" ou "Le Lointain" en référence au vol majestueux du rapace) est l'une des plus anciennes divinités égyptiennes. Fils d'Isis et d'Osiris, il est représenté comme un faucon portant la double couronne auréolée du disque solaire ou comme un homme hiéracocéphale (à tête de faucon).

Mon âme a traversé le désert. Dans le tombeau, elle fut obligée de résider, contrainte par mes noirs chevaliers. Séparée du Tout, privée de Lumière, elle a subi les tourments de la répétition. Elle a éprouvé l’amertume des terres arides privées d’Amour. Elle a enduré le froid, la solitude, le malheur, les pics acérés d'adversaires vaniteux. Elle a chaviré. Elle a défailli. Elle a connu la mort. Mais elle a survécu, parce que la Lumière était son seul espoir. Guidée par l'Amour indicible, elle a quitté le monde des ténèbres. Doucement, elle a cheminé, traversant les plaines funestes. Elle n’écoutait plus les séductions de son ancien amant, qui l’appelait pourtant de sa voix puissante. Mais elle n'était plus que murmure, car la Lumière se faisait jour au cœur de la nuit. Alors, d’un pas rapide, elle traversa les vallées et les monts embrumés et d’un geste vif éluda l’ultime assaut de ses poursuivants. Peu à peu, le chemin s’est dégagé. Le froid a laissé place au Soleil. Encore un effort. Quelques collines à gravir. Et voilà au loin les portes de la Cité de l'Être, quittée il y a longtemps. Quoiqu’elle fut adultère, mon âme osa frapper. Trois fois. Et la Splendeur lui ouvrit les portes du Royaume. Vision éblouissante ! Lumière inconnaissable ! La voilà enfin ! Après toutes ces morts, toutes ces tentatives avortées ! Douce et intense, chaude sans être brûlante, éclatante sans être aveuglante. Et des jardins, dans lesquels coule une Source. A perte de conscience ! A perte d’inconscience ! Je ne suis qu'un enfant. Je suis transfiguré. J’ai retrouvé le chemin de La Demeure...

 

L'AIR DU LARGE !


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L'air du large, enfin ! Après des mois de confinement et d'enfantement, je peux respirer librement. Et c'est la Rencontre. Toujours la même. Bouleversante et sublime, débordante d'Amour et de vérité. Au fond de mon ventre, le Soleil se fait jour. Alors Silence ! Cette nuit, à minuit, une chaleur qui monte le long de mes jambes me réveille. Je bascule dans un autre état de conscience, je rentre dans mon Être. J'ai la vision d'un pont de Lumière couleur or qui, partant du fond de mon ventre jusqu'au sommet du crâne, ouvre toutes mes portes. La voie qui mène à l'Être est dégagée, libre de tout obstacle. Le canal est ouvert. Si ces années furent humainement et psychiquement pénibles, ce n'est que très peu de chose au regard de Cela. Des potentialités infinies qu'Il recèle et de toutes celles qui, dans l'individualisation de Sa conscience, pourront être explorées, découvertes ou arpentées. Nous sommes des Fils/Filles de la Lumière et rien ne Lui est impossible. Et Ses Fils/Filles sont en train de naître...

Tumulte au dehors, paix au dedans. Comment exprimer l'indescriptible Joie de vivre de l'Être qui se révèle dans la forme ? Il n'y a qu'espace, extension illimitée de la conscience se mirant dans toutes ses manifestations. Tout est Cela. De la pierre à la fourmi. Du bacille au lion. Puis à l'Homme. Et tout se trouve bouleversé. Le quotidien prend une forme nouvelle habité par la Félicité. Mais en vérité, c'est l'Être qui est Félicité, perpétuelle et infinie Joie d'exister. Et tout est contaminé ! Touché et célébré par l'union entre l'Être et le soi. Et toutes les contradictions disparaissent ! Car le regard porte au delà des schémas habituels d'organisation mentale, sur lesquels repose le fonctionnement quotidien de l'humanité, sur lesquels tous les rapports sont établis, scrutés, puis jugés. Nous ne sommes rien de moins ni de plus que des émanations multiples de L'Unique réalité vivante. Où le cœur palpitant de l'Amour est toujours présent.

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Terra incognita
. Plus rien n'habite le personnage, qu'un immense état de vide, de dépossession. Tous les déterminants, toutes les motivations, toutes les projections conditionnant l'humanité et attachées au personnage, se sont évanouis. Je ne suis qu'un souffle inspirant en dehors de l'espace-temps et expirant en ce monde. Le miroir est brisé. Les masques sont tombés. Toutes les peaux ont été levées. Comment vivre maintenant ? Cette question surgit l'espace d'un instant. Comment être ce qui Est ? Comment ? Mais cette question n'a plus de sens et se résorbe comme elle est apparue. Dans le silence. Place au Vivant ! Il me semble ne plus avoir de prise sur rien, mais en ai-je jamais eu en vérité ? C'est la Vie qui féconde toute œuvre. Et chacun de nos pas résonne dans l'éternité, où l'Être se déploie. Quelle libération ! Quelle liberté infinie ! Toutes les portes doivent être ouvertes et les idées, qui accablent le monde des Hommes, éclairées de Sa lumière. Il n'est plus temps de reculer. Voyez comme le monde chavire. Il est ivre de lui-même ! Il est comme ce cavalier sans tête frappant le vide de son épée. Pourtant. Cela est le cavalier, le vide et l'épée. Et Cela nous cherche. Et nous trouve. Toujours. Un jour...

 

TOUS CES AUTRES QUE JE SUIS...


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Etrange état. Energie particulière. Ni lourde ni lumineuse. Neutre et indéchiffrable. Je suis ailleurs et à la fois présent à la réalité de ce monde. Sans pouvoir le contrôler, je me suis exprimé cette nuit dans une langue étrangère dont j'ignore tout. Parfaitement conscient, je ne pouvais cependant arrêter ce flot ininterrompu d'onomatopées, structuré en courtes séquences, qui dura un peu plus de 30 secondes. C'était pourtant bien un langage, une vibration originelle et complètement étrangère. Qui n'était pas de ce monde. Ainsi arrivèrent les Êtres de fréquence métal-argent. Cette énergie mystérieuse, inaccessible à l'esprit terrestre, est dense et pleine. Elle glisse sans fin lorsque l'on porte le regard sur elle. C'est alors que je vis du sang gris couler dans mes veines, dans ma forme, dans mon champ éthérique. Puis trois doigts au bout de mes bras de reptile évolué. Cette forme est dans ma forme et toutes deux communiquent !

Ces Êtres dans mon canal, ont-ils un message ? Mon corps effectue des gestes compulsifs, comme si quelque chose tentait de s'y adapter. Frissons. Malaise. J'ai de la fièvre. Que se passe-t-il ? Ces Êtres sont là. Des reptiliens et des insectoïdes, des formes de conscience évoluée dans le kaléidoscope de formes portées par la même conscience-groupe. C'est une énergie tellement différente, tellement étrangère à tout ce que j'ai pu connaître. Si ancienne ! Ancestrale. Et l'évolution de la Terre leur importe, car ils n'évolueront que si Elle-même évolue. Il nous importe donc de reconnaître ces autres formes de Vie. Je n'ai jamais ressenti d'hostilité dans les Êtres que j'ai côtoyés. Mais j'ai tout de même posé la question sur leur intention. Et par trois fois, on m'a répondu par l'arc-en-ciel. Comme un tourbillon de lumière dans lequel coulerait tout le spectre lumineux. J'ai vu ensuite des rayons tomber du Ciel et un serpent multicolore apparaître.


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J'ai la sensation de corporiser plusieurs formes de vie, humanoïdes et non-humanoïdes. Cette nuit, j'ai fait un "rêve". J'étais avec Nita. Elle me disait que j'avais évolué, mais que ce n'était pas encore tout à fait ça. Et que ce n'était pas la forme définitive que notre relation emprunterait. Elle me parla d'épreuves à venir et ajouta que notre relation, qui reposait sur Cela, reposerait désormais sur nos cœurs et il n'était pas sûr qu'ils puissent résister au changement. Je savais que je devais expulser certaines couches énergétiques et lui répondis que lorsque je serais le Permanent et l'Impermanent, alors tout irait. Puis j'allais rendre visite à des amis. Je passais la porte d'entrée. L'escalier était vieux, les marches étaient des tombes, j'étais dans un labyrinthe cerclé de fer ! Pas de crainte mais une atmosphère particulière, dense et lisse. Ce matin je suis complètement épuisé. Hébété. J'ai la sensation d'expulser de mon corps une substance inconnue. Il me faut reprendre contact avec cette réalité, car je ne sais plus où je suis. En ces instants où l'Être se révèle émanation du Tout avec ses multiples faces, les différentes formes qu'Il porte et Ses possibilités infinies de réalisation, l'humain vacille. Inévitablement. Cette "canalisation", et cette communication avec cette fréquence particulière et étrangère, explique mieux désormais le sens de ma mutation et les innombrables douleurs physiques qui l'ont accompagnée.
 
Lorsque l'on vit charnellement entre deux mondes, avec cette sensation d'élargissement du corps, le rôle du cœur en tant qu'organe est capital. C'est lui qui maintient tout. C'est sur lui que repose l'intense charge énergétique de toute l'expérience. Un réel danger ! C'est bien ce que l'on risque lorsqu'ayant changé d'état énergétique, plus subtil, on adopte des comportements et réactions fondés sur la peur, la colère ou autre cristallisation. A ce stade d'évolution, c'est au corps tout entier qu'on porte atteinte, et c'est l'intégrité même de l'organisme qui est en jeu. Je suis dans un état d'épuisement inexprimable ce matin, suite à une vieille attitude humaine dont la mémoire de mon corps est encore porteuse. Elle a surgi, d'un coup, et la réaction physiologique ne s'est pas faite attendre. Le corps a amorti l'onde de choc vibratoire, violente et lourde, générée par  cette part de moi. Ignorante. Mon cœur est meurtri et de violentes contractions l'affectent. Dans cette période transitoire, où toutes les représentations du personnage ne sont pas encore évanouies, il me faut être d'une extrême vigilance. Les émotions humaines sont trop lourdes, trop lentes, excessives, étouffantes et déséquilibrées. Pour l'instant.

 

PORTER TÉMOIGNAGE


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La contemplation du spectacle télévisuel nous laisse sans voix. Partout les hommes se battent ! A vif leur cœur et leur peau ! Investissant des rôles factices, se jouent des milliers d'identités afin de donner consistance au vide. On a tôt fait d'oublier que nous vivons tous sur une "pierre" vivante perdue dans l'espace intersidéral. Et quoi ? On voudrait nous faire croire que notre frère est différent ontologiquement, parce qu'il n'a pas adopté les mêmes façons de vivre, parce qu'il ne nous ressemble pas ! La division ne repose sur rien. Pourtant. Elle est une réalité énergétique qui précipite le monde des Hommes dans le chaos. Nous créons notre réalité. L'Homme bâtit son existence sur l'exclusion et la division. Dès lors, il ne peut hériter que de la division. Nos murs intérieurs construisent nos murs extérieurs. Alors pour survivre, pour organiser notre exil, nous maintenons ce monde grâce au pouvoir, à la domination et à la violence. A la souffrance ! Notre monde n'est pas le résultat du hasard, du chaos ou du désordre créateur que nous décrivent certains penseurs. Il est né de l'adhésion de la masse à quelques idées simples, fondées sur des constats immédiatement vérifiables, mais qui n'ont aucune consistance.

Et nous voilà. A la charnière des temps. La Terre mute. Les signes sont partout et innombrables. Ils pointent le changement. Mais les Hommes sont des aveugles volontaires, contents de l'être. Depuis plus d'un mois en Asie du sud-est, des tremblements de terre nombreux et violents sont accompagnés de raz-de-marée. Aucun commentaire. C'est trop loin pour l'Europe. Trop loin pour l'Amérique ou même l'Afrique. Ce matin, le journal est consacré à l'identité nationale ! Nous ne ferons là aucun commentaire, c'est par trop ridicule. Nous sommes tous en partance. Pas d'échappatoire ! La Terre change de fréquence et Elle ne pourra porter d'énergies aussi étrangères à Son futur nouvel état d'être. Voilà comment l'expérience individuelle rejoint l'expérience globale. Le corps et la conscience de cette Mère-Terre, qui porte le vivant depuis l'origine, sont liés et reliés à nos corps et nos consciences. Il ne peut en être autrement. Et Elle balaiera tout ce qui ne Lui est pas conforme. Accordons-nous donc à Sa Vibration essentielle. C'est vital. Et il est plus que temps !


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Dieu est mort. La présence tutélaire de ce Père, à qui l'on attribuait la direction de l'existence, ne sied plus à celui qui sort de l'enfance et apprend à marcher seul. Peines et joies, mort et vie, calamités et bonheurs, ne reposent en rien sur le Dieu des Hommes. Ce n'était qu'une façon de se défausser de notre responsabilité individuelle et collective. Ce qui Est est inconnaissable. Comment lui attribuer la vengeance de la Terre, la colère du Ciel, l'échec ou la victoire d'une bataille ? Tout cela est affaire des Hommes ! Oui Dieu est mort. Et l'amour aussi. L'un comme l'autre sont leurre absolu car ils ne reposent pas en Cela. Ils ne sont compris et vécus qu'en tant qu'extériorisation d'une émotion qui nous convient, nous plait et nous est agréable à ressentir. Or. L'Amour n'est pas une émotion ! C'est une totalité. C'est une Joie perpétuelle. Et la reconnaissance de mon frère, où qu'il soit et quel qu'il soit, ne peut se faire qu'en Cela, qu'en cette reconnaissance, puisque nous sommes la même Vie ! Sans doute un jour, nous pourrons enfin rêver un autre âge où la solidarité, la collaboration et la conscience de Ce qui Est porteront l'Humanité au-delà des limites qu'elle connaît. Alors les murs seront abattus et les barrières franchies. Alors on s'apercevra qu'ils n'avaient de réalité que dans nos esprits diviseurs, dans nos regards portant tant d'objets qu'ils en étaient aveugles. Et la mort sera vaincue. Les trois illusions ordonnatrices de ce Monde - Dieu, l'amour et la mort - ne sont déjà plus. Nous vivons les soubresauts de leur agonie ! Alors place à l'expérimentation de Cela - que nous sommes - en nos formes !


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La transformation. Porter témoignage de l'expérience, tel est l'objet de ces lignes. Le temps de la grande illusion arrive à son terme. Tout comme la nature de l'expérience humaine. Elle est sur le point de perdre sa limitation physique dans l'oubli de ce qu'elle est. Car de l'ignorance de l'Être vient toute souffrance. Il nous est impossible d'accéder à une réalité plus vaste, plus large, sans déconstruction du moi ou personnage. Nous sommes là tous d'accord. Mais il y a autant de manière de l'expérimenter, qu'il y a de choix dans l'intention supérieure de chaque être incarné. Et nous insistons sur ce fait ! De nos jours est par trop véhiculée selon nous l'idée de cheminants, bien qu'émérites pour beaucoup, professant telle voie, tel outil ou telle doctrine à suivre, faute de quoi nous aurons tout faux. Nous ne pouvons accréditer ce type de pensée, qui nous semble étroite et non adéquate avec les formes et chemins inattendus que peut prendre la Vie. Si nous ne sommes nullement surprenants, Elle oui ! Et il n'y a là aucun doute ! Nous ne croyons pas pour notre part en une voie royale, en une Lumière bénie qui viendra éclairer les élus et précipiter les vils. Nous nous désolidarisons de toute forme d'exclusion qui soit. Car elle n'est qu'agent de division. Notre expérience personnelle a été de faire le vide, jusqu'au plus petit attachement porté par nos représentations erronées. Nous avons expérimenté que la transformation ne pouvait s'effectuer que par mille morts, toutes plus profondes et plus difficiles les unes que les autres. Pour rencontrer la Vie, il nous a fallu éprouver la Mort. Mais ceci n'est que notre histoire...

 

LA DIVINE BLESSURE


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J'ai encaissé, dans la douleur, ma première instruction. Le chemin d'incarnation est difficile ! Je suis mort à une part d’illusion. Elle a été soufflée. Balayée. Puis j’ai subi l’épreuve de la souffrance : ma division. J’ai vu le Royaume de la Demeure (l'Être). Cependant. En me réveillant ce matin, j'étais à nouveau enfermé dans ma prison organique. Et ce fut déchirant. La voilà la blessure, à vif, ouverte, que je porte ! J'en ai le cœur retourné. C'est la souffrance de ma division. C'est la souffrance d'être éloigné de la Source, ma Source, dans ce corps qui m'est bestial. Et ça fait mal. Ça brûle ! J'ai du revenir parmi les Hommes, le souvenir de la Splendeur gravé au fond de mes entrailles. Et je vais devoir apprendre à jouer autrement ma partie. Je n’ai plus peur de la mort désormais, mais d'une autre souffrance que je reconnais. C'est elle pourtant qui me fera avancer. Elle qui me fera aller plus loin, encore et toujours, pour rejoindre cette Source. Qui est là. Présente. Gisant au fond de mon ventre. Une fois l'Être reconnu, une toute nouvelle "douleur" prend place. Nita la nomme "la Divine Blessure" et dit d'elle : "La Divine Blessure vient de la conscience de la friction entre cette part d'absolu que l'on est et la part incarnée qui la porte, non encore unifiées. Et c'est cette friction inévitable - en tant qu'être incarné - qui permet le mouvement, l'avancée, le jeu de notre co-création personnelle en ce monde."

Je fis quelques jours après ce rêve : je parcourais un chemin rempli de lumière, où des enfants jouaient. Au détour d’une bifurcation, j'aperçus devant moi et sur de verts pâturages une petite brebis qui venait de naître. Elle tenait mal sur ses pattes, la petite brebis aux longues oreilles. Elle avait froid. Elle était apeurée. Elle se retrouvait dans un monde dont elle ignorait tout, séparée de sa mère. Elle devait pourtant vivre sa vie et, encore claudicante, elle apprenait à marcher. J’étais cette brebis. Je souffrais d’être dans ce monde après avoir connu la Splendeur. Mais je devais y vivre. Quel immense effort cela demandait ! La mort vous emporte sans faire de façon. On ne peut y être préparé. Mais l’accession à l’existence terrestre, la chute dans la matière, était pour moi une mise en croix. Je me souvenais d'avoir flué libre dans l’éther. Je me souvenais d'avoir touché l’éternité, l’immensité de l’Amour. Quel choc immense ! Le corps entier est traumatisé. Je suis un nouveau né. Nu. Encore dans les étoiles, mais face au monde. Je ressens toutes les émotions humaines, à fleur de peau. Il n’y a plus de barrière, distinction illusoire. Toutes ces souffrances, je les ressens. Toutes ces peines, je les comprends. Et je pleure. Et je ris. Avec tous. Oui, re-naître m'est plus difficile que mourir !


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Je suis exsangue. Je suis blessé. Je redescends sur Terre et je n’ai plus de repères. Cette fois la chute a été trop rude. Brutale. Les évènements trop éprouvants. C'était plus difficile que la première fois. Mon corps est à la limite. Je sens que mon cœur peut lâcher à tout moment. Quant aux autres organes, ils semblent refuser d'accomplir leur tâche. Les variations énergétiques de ces derniers jours ont mis l'organisme à rude épreuve. Je dois me reposer. J’ai mal au cœur. Et je suis déjà nostalgique. Je souffre d’être éloigné de la Splendeur. Mais il me faut revenir à cette vie humaine, lourde et dense, limité dans ce corps de chair, ma prison organique ! Comment pourrai-je partager avec mes semblables cet état d'Unité et cet Amour qui flue sans cesse de moi ? Comment cela sera possible ? Cela ne se peut, du fait même que nous sommes incarnés. Mais alors tout cela, toute cette compréhension, tout cet Amour, pourquoi ? Pour l’heure, il me faut accepter de n'être qu'un reflet de Lumière. Telle la Lune reflétant la lumière du Soleil dans les ténèbres, tel est celui qui a vu le Royaume et retourne parmi les Hommes. Il doit apprendre à ne vivre que de reflets. Car aucun Homme ne peut regarder en face la lumière du Soleil sans être aveuglé. Je dois accepter de sortir du Tout pour n'en être qu'un fragment. Non pas par orgueil, mais par carence. Pourtant. L’impérissable vision du Royaume de l’Être a pris racine en moi. Etincelle qui justifie tout. Explique tout. Le prodigieux effort d’échecs en répétition, de peurs en peurs, de morts en morts, est justifié. L’homme peut et doit marcher seul. Car sa Lumière le soutiendra toujours. C’est son bâton, sa houlette, son indéfectible soutien en ce monde de vanité.


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Tout est neuf pour moi. J'apprends à marcher et je vois les Hommes ne regarder qu'à l’extérieur d’eux-mêmes. Comment s'imaginer n'être autre chose que des exhalaisons Divines ? Comment approcher l’idée qu’il n’est de connaissance qui ne soit en dehors de Cela ? Il n'y a rien à connaître autrement. Tout le reste n’est que projection. On s'imagine avoir une emprise sur l'existence, sur la destinée. On sécurise sa vie. On pense son existence en petit propriétaire d’illusions éphémères, construites par un mental malade de lui-même. On est esclave du serviteur ! On pense posséder des biens, un corps, un travail, des pensées, mais ce sont eux qui nous possèdent ! Rien ne nous appartient ! Sinistre mascarade ! On se satisfait de notre nature adultère, la justifiant par des discours inconsistants. Mais la Vie est une révolution continue et il n’est de sécurité que dans l'illusion. Rappelons-nous de Job, le Juste selon la Loi qui fut châtié par Dieu. Tout peut s'écrouler en un instant. Rien ne nous appartient. Tout est laissé en partage. Ce que j'ai vécu, ce que Nita a vécu, ce qui est à l’origine de ce prodige pour nous, n’est pas l’action de notre volonté. C'est la Grâce qui se vit et se meut à travers nous comme à travers tout. Nous ne sommes que des cordes sensibles, à travers laquelle la Vie Joue Sa Divine Comédie. Notre Divine Harmonie...

 

LA SOLITUDE DES COMÈTES
(Epilogue de Nita)


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Au cœur de sa Douât (son monde souterrain), entièrement livré à lui-même dans ce grand retournement, ce face à face avec son Ombre et sa Lumière, je n'avais pu que poser ci et là quelques balises afin que Loris ne se perde trop. Cette traversée du désert en solitaire est la part de chemin indispensable que nous effectuons tous. Un jour ou l'autre. Car on ne peut connaître la Lumière qu'en saisissant l'Ombre, qui est ce qu'elle est et qui joue parfaitement son rôle. Elle est cet initiateur ténébreux, dont l'antre est le mental qui ne sait que diviser même l'indivisible. Et qui veut conduire la danse ! Mais que peut faire d'autre ce mental, que ce que l'on fait nous-mêmes face à la mort ? Face à la peur ? Tenter par tous les subterfuges possibles (nos failles) de garder la main. De simple outil, nous l'avons placé sur le trône de l'individualité. Et il est devenu nous. Et il ne veut pas mourir. Mais le mental n'a pas d'existence propre. Il croit ce que l'on croit. Il est ignorant de notre propre ignorance. Il est notre reflet temporaire. Et il ne sait pas - car nous ne savons pas - que ce n'est pas la mort qui l'attend, mais une transfiguration. Tout comme l'Homme va vers le Surhomme, le mental va vers le Supramental.

Ô combien douloureux est ce retour parmi les Hommes ! Cette "descente" dans la chair après avoir connu la Splendeur de la demeure de l'Être ! C’est bien la chute dont parlent les Ecritures. Et c'est fatal. Le prix à payer pour l'incarnation. Et ce prix est initiation. Quant à la difficulté de cette nouvelle forme d'intégration dans ce monde, elle aussi était inévitable. N’a-t-il pas été dit "La Lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne la saisissent point" ou encore "Il est dans le monde et le monde est par Lui, et le monde ne Le reconnaît pas"  ? Il n'était plus Un, mais l'est-on jamais ici-bas ? Il allait devoir apprendre à marcher parmi les Hommes. Divisé. Mais de quelle division s'agissait-il ? Celle qu'il portait encore en lui et qu'il devait épouser ? Ou bien l'inévitable division, nécessaire afin de vivre en ce monde ? Pour l'instant. N’est-ce pas cela marcher dans l’ombre du Seigneur ? Là où nous sommes, l'Être Est. Et cela suffit. Nous marchons juste derrière la Lumière, à l'Ombre du Soi. Nous posons nos pas dans Ses empreintes. C'est cela notre chemin de croix. Porter sa croix, c'est porter l’union des contraires en soi. Et se maintenir au centre où s'opère l'alchimie, l’union du vertical à l’horizontal. Et on la porte seul. Et cela n'a aucune importance ! Celui qui se sent ignoré et méconnu des Hommes n'est que le mental, source des émotions et siège de la prédation !



Comme je comprenais Loris ! Je les avais portées toutes ces sensations. Réelles. Charnelles. Celle de se sentir perdu, paumé. Avec ce vertige qui te prend. Et ce monde des Hommes que tu ne comprends plus. Et cette langue que tu ne parles ni n'entends plus. C'est là qu'est le danger et la vigilance nécessaire, car la frontière entre l’illumination et la folie est mince. Ces fulgurances de l'Être (du Soi) sont parfois si déstructurantes, si bouleversantes, que nous perdons pieds et raison face à l'inconcevable. Mais la force de Loris était égale à sa capacité de mourir. Je savais qu'il le pouvait. Et il allait l'apprendre, comme bien d’autres avant lui. Nombre de fois, il eut peur de se désincarner. Et cette peur, cet instinct de survie du corps fut de bon conseil. Mourir n'est pas chose aisée ! Et nous ne sommes plus ici dans le domaine du mental. Mais du charnel. C'est un vrai risque, et parfois atrocement souffrant. Ce chemin-là n'est pas pavé de roses, mais d'épines et elles nous déchireront. Le parfum des roses, ce sera pour après. Peut-être. Ou peut-être pas. Lors de ces morts initiatiques, pratiquées alors par d'antiques civilisations dont l'Egypte, nombreux furent ceux qui y laissèrent la vie. Lorsqu'elle est rapide, cette révolution énergétique, cette déstructuration totale, cette implosion de toutes les limites est si puissante, qu'elle est un danger réel pour le corps. Il risque de ne pas passer l’épreuve. Le cœur lâche et on peut vivre une NDE (expérience de mort imminente) passagère ou définitive. Ou perdre la raison.

Ô douce Blessure, divine Déchirure que Loris portera désormais ! Pendant un temps. Tout comme je l'ai portée, durant si longtemps que j'en ai perdu la mémoire. C'est un tsunami qui t'emporte, et te noyant te rend la vie, te fermant les yeux les rouvre autrement. C'est vivre deux vies en parallèle, jusqu'à en entendre d'autres rumeurs, en respirer d'autres odeurs, sentir même le toucher d'autres peaux qui te brûlent encore les paumes ! C'est parfois pleurer les larmes du Monde, pour cet Amour qui te hante depuis ton premier inspir. C'est un Cri. Immense. Et tu es tant à l'étroit pour le contenir, qu'il n'y a plus ni voix ni voie possible. Juste un Silence. Vivant. Vibrant. Si habité. Qu'il implose ! Et de son trou noir naissent mille étoiles. Ô comme la Lumière est douloureuse ! Comme cet Amour te déchire de part en part de ne savoir comment Le contenir, Le retenir ! Juste un instant. D'éternité. Et cette soif inextinguible, cette part d'Ombre qui manque tant à la Lumière ! Souffrir cette peau qui te retient à l'ultime toucher, l'ultime voyage ! Et rester là. Encore. Toujours. Le corps sur la rive. Quand tout en toi est passé de l'autre côté. Non, on n'en revient pas du voyage. Je sais moi aussi qu'on meurt d'Amour. Mais c'est un autre Amour. Mais c'est une autre Mort. Et celle-ci donne la Vie !

 

 
"Que celui qui cherche ne cesse de chercher, jusqu'à ce qu'il trouve.
Et quand il trouvera, il sera bouleversé, et ayant été bouleversé, il sera émerveillé.
Et il règnera sur le Tout." (Evangile selon Thomas)

 

 

 

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